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PAUL DE VIVIE


PAUL DE VIVIE 1853 - 1930

Figure emblématique du cyclotourisme en France, Paul de VIVIE est né à Pernes les Fontaines le 29 avril 1853. Son père, Edmond de VIVIE descendant d'une famille noble de gascogne, ancien officier des haras, y exerçait le métier de maître de poste. Son relais se situait à l'angle du boulevard J.Jaurès et de la route qui relie Carpentras à Cavaillon, aujourd'hui fort justement nommée ''avenue Paul de Vivie'' à Pernes les Fontaines.

En souvenir, une plaque a été apposée lors du meeting pascal de 1953 sur sa maison natale à l'occasion du centième anniversaire de sa naissance. Sa mère, Marthe ROMAN originaire du pays d'Arles avait épousé Edmond de VIVIE en 1850.

 

 

 

Suivant les mutations administratives de ses parents, Paul de VIVIE quitta Pernes à l'âge de huit ans, mais en garda un souvenir profond. Il vécut successivement à Tarascon, à Digne et à Meyzieu.

Il fit des études secondaires à Lachassagne près de Lyon jusqu'en 1870. Il entre alors dans l'industrie de la soie comme courtier. Gagnant la confiance de ses patrons, il ouvre une succursale à St Etienne en 1876 où il se marie.

 

 

Afin de fuir les trépidations de la ville et courir les routes en toute liberté, Paul de VIVIE acquiert son premier bicycle en 1881, c'est un grand-bi. Rapidement il rencontre quelques pratiquants et la même année, un petit groupe de fervents adeptes crée le Club des Cyclistes Stéphanois. Il en deviendra le premeir secrétaire. Très entreprenant, le club organise le 9 juillet 1882, sa première course vélocipédique St Etienne - Feurs.

 

Ses fréquents déplacements professionnels en Angleterre comme commissionnaire en rubans de soie, lui permettent de constater l'importance de l'industrie du cycle outre-manche, en particulier à Coventry, et lui laissent présager l'évolution prochaine de cette activité en France.

C'est ainsi qu'en 1886 Paul de Vivie fonde ''L'Agence Générale Vélocipédique des Manufactures Françaises et Anglaises''. Il devient le représentant de la marque anglaise ''Rudge and Co'' puis en 1888 de ''Peugeot Frères''.

Il propose également en 1889 d'autres productions françaises ''la Stéphanoise'' et '' la Vélocior'' puis en 1890, des bicyclettes de fabrication anglaise: ''Herald Ivel'', ''Bailiss-Thomas''. Ainsi Paul de VIVIE propose à ses clients potentiels des cycles de conception très variée.

 

Débordant d'activité, Paul de VIVIE crée en 1887, une revue ''Le Cycliste Forézien'' à travers laquelle il entend faire partager son enthousiasme pour le vélo et en faire la propagande. Il prend pour ses écrits le pseudonyme de ''VELOCIO'' faisant ainsi référence au vélo. Il entend informer les pratiquants de ce qui se passe en France et à l'étranger sur la vélocipédie, la technique et la randonnée.

En 1888, ''Le Cycliste Forézien'' devient ''Le Cycliste'' dans lequel ses écrits font autorité. Sa revue lui survivra jusqu'en 1974 !

 

Sans connaître précisemment les raisons pour lesquelles l'industrie du cycle s'implanta facilement à St Etienne et connut une telle fortune, il est certain aujourd'hui que Paul de VIVIE y contribua grandement.

A St Etienne, cette industrie encore balbutiante s'organise et selon le voeu de Paul de VIVIE, va devenir le centre de l'industrie vélocipédique française.

En 1891, autour des quatre constructeurs qui sont déjà implantés, tout un commerce de détail florissant mais anarchique se développe.

En 1895, Paul de VIVIE crée ''La Nouvelle Manufacture Stéphanoise de Cycles La Gauloise'' qui en réduisant ses frais généraux, propose des bicyclettes à bon marché mais de qualité. Il fabrique même des machines selon la volonté du client, c'est à dire ''sur mesure''.

En 1890, une très bonne bicyclette vaut entre 375 et 400 fr selon le montage. Paul de VIVIE en propose de très convenables entre 200 et 275 fr. Toutefois, la bicyclette reste un objet de luxe car un manoeuvre gagne 3 fr par jour et un ouvrier spécialisé entre 5 et 8 fr par jour. Il faut donc plusieurs semaines de travail pour s'offrir une bicyclette.

En 1895, ''On est vraiment chic qu'avec La Gauloise dernier modéle'' dit la publicité de Paul de VIVIE.

De son atelier sortent des bicyclettes de tous modéles : une bicyclette basse démultipliée ainsi qu'un nouveau cadre ''l'équiangle'' plus rigide pour un meilleur rendement.

 

Plus littéraire que technicien, Paul de VIVIE va le devenir par la force des choses. Son esprit inventif se manifeste en plusieurs domaines. Il améliore  la retro-directe bi-chaîne de VIVIES à une seule chaîne avec deux et quatre développements dont deux par rétropédalage. Car si Paul de VIVIE aime la pratique sportive du vélo et s'il dispose également de moyens atlhlétiques au dessus de la moyenne, il souhaite rendre l'utilisation de la bicyclette aussi agréable que possible.Il répétait sans cesse:''La polymultiplication n'augmente pas nos forces, mais elle permet, en les économisant, une meilleure utilisation de celles qui nous restent''.

C'est pour cela qu'il fournit couramment des bicyclettes à trois développements par trois chaînes.

En 1904, il adapte à tout type de machine des changements ou des combinaisons différentes de vitesse par le déplacement à la main, à crochet ou par le rallongement de la chaîne. Les changements de vitesses sont alors recherchés par tous les constructeurs, mais le maître incontesté de la polymultiplication c'est Paul de VIVIE. Combien de modéles de changements de vitesses n'a-t-il pas préconisé : la bi-chaîne avec débrayage au pied sur le pédalier, la bicyclette à levier, les moyeux à engrenages, les pignons compensés, la chaîne flottante et les dérailleurs de chaîne dérivés du ''Whippet''.

 

Ainsi, toutes ses recherches sur le déraillement de la chaîne sur des pignons juxtaposés ne sont  des améliorations d'un mécanisme anglais le ''Whippet'', comme l'indique Paul de VIVIE, qui s'ingéniera à l'améliorer en construisant plusieurs prototypes de dérailleurs. Il bricole, combine, modifie, améliore le ''Whippet'' avec l'ajustement de la chaîne aux pignons et invente ''la chaîne flottante''.

Il modifie également le de Dion-Bouton de 1906 à 2 vitesses et retro-directe soit 4 vitesses en lui ajoutant un moyeu à 3 pignons ce qui donne douze vitesses en marche, puis il y adjoint un deuxième pédalier ce qui fait 24 vitesses !

Dès 1910, les dérailleurs de différents modéles équipent les bicyclettes de course et de randonnée, mais ce sont les cyclotouristes qui vont le plus les utiliser. Ainsi Paul de VIVIE propose en 1913, sur une bicyclette de sa production ''La Gauloise'', 3 plateaux à l'avant de 50, 41 et 26 dents et quatre pignons à l'arrière de 12, 16, 22 et 28 dents, ce qui offre à l'utilisateur une palette de développements de 2,50 m jusqu'à  7 m.

 

Au sein d'un groupe de fervents adeptes de la bicyclette, que l'on appellera plus tard '' l'Ecole Stéphanoise'', Paul de VIVIE participe à des défis et tentatives de records de cyclistes amateurs. Son goût pour l'effort pourrait l'assimiler de nos jours à un cyclosportif, mais après quelques tentatives plus ou moins heureuses et un peu plus de sagesse, c'est vers une carrière de randonneur qu'il oriente ses activités cyclistes en effectuant des parcours de plus en plus longs. Il entreprend alors de véritables voyages dont le premier, le 14 juillet 1889, le conduira en Provence en passant par Pernes les Fontaines, sa ville natale.

 

Il se lance ensuite dans une débauche de randonnées sur plusieurs jours dans les Alpes Bavaroises, Suisses et Italiennes. Mais nostalgique, c'est souvent vers le midi et à portée de vue du Mont Ventoux qu'il repart, accomplissant une moyenne de vingt mille kilomètres par an.

Ainsi, en 1924, Paul de VIVIE donne rendez-vous pour Pâques à ses amis aux Baux de Provence. Ce sera le premier rassemblement des nombreux meetings organisés ensuite à l'occasion de Pâques en Provence.

 

Grâce à Paul de VIVIE, la pratique cycliste a pris un grand essor partout en France. Les créations de clubs et le nombre de pratiquants se multiplient au sein de l'Union Vélocipédique de France dont il est un représentant officiel. Mais des dissidences apparaissent entre pratiquants sportifs et contemplatifs et Paul de VIVIE engage les cyclotouristes à adhérer au Touring Club de France.

 

Le 27 février 1930, devant son magasin au 5 de la rue de la Préfecture à St Etienne, Paul de VIVIE traverse à pied la chaussée conduisant son vélo à la main pour aller prendre sa droite. C'est alors qu'une auto surgissant l'oblige à reculer au moment où arrive un tramway qui le percute. Griévement blessé, il s'éteindra le 4 mars 1930.

 

Guy CLAVERIE 

 

 

 

D'après ''VELOCIO'' de Raymond HENRY

 

 

 


31/01/2013
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