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VELOCIO ET LE MONT VENTOUX


Vélocio et le Mt Ventoux

Cette année encore, le Mont Ventoux servira de théatre à grand spectacle au Tour de France, en étant choisi comme arrivée d'étape en son sommet à 1912 m. En sa qualité d'implacable juge de paix, il aura l'insigne honneur de désigner le probable vainqueur du Tour de France 2013, son verdict ne souffrant d'aucune contestation.

Mais par les temps qui courent, on peut se demander si son verdict reflètera la vérité...? 

 

S'il est difficile de donner une date précise de la première ascension du Mont Ventoux à bicyclette, on peut dire que le premier à avoir tenté d'escalader le Géant de Provence fut Paul de VIVIE, surnommé ''VELOCIO'', qui en fit un récit assez peu glorieux et tenu caché.

Demeurant à St Etienne, mais natif de Pernes les Fontaines, il aimait à revenir en Vaucluse.

 

En 1901, accompagné de deux amis stéphanois, il projeta l'ascension de Mont Ventoux et se rendit à Carpentras où l'attendaient deux marseillais auxquels il avait fixé rendez-vous. L'un des deux marseillais n'était autre qu'Adolphe BENOIT, Directeur-Administrateur du journal ''La Provence Sportive''. Fasciné par le Mont Ventoux, il y reviendra plusieurs fois et établira le premier temps chronométré connu en 2h et 35 mn

Il faut savoir qu'en 1900, Paul de VIVIE est un personnage incontournable du cyclotourisme français, auréolé d'un prstige certain. Il avait fondé en 1887 la revue ''Le Cycliste'' et sous la plume de ''VELOCIO'' prêchait les bienfaits de l'activité cycliste. Sa notoriété en faisait une sommité.

Avant de narrer l'ascension de Paul de VIVIE et de ses amis, il convient de préciser que dans le but de construire un observatoire au sommet du Mont Ventoux, les Ponts et Chaussées avaient commencé par tracer une route qui relia Bedoin au sommet. Les travaux commencèrent en 1882 et la route fut achevée en 1886. Les frais de construction de la route et des bâtiments, couverts par une souscription, s'élevèrent à 180.000 frs.

Il ne faut pas à proprement parler de route mais d'un chemin caillouteux, défoncé par des trous et des ornières dont les orages emportaient régulièrement les graviers mettant à nu pierres et roches.

Les cyclistes qui ont pu escalader le Mont Ventoux par les deux faces auront pu noter que le côté nord est abrupt alors que le versant sud s'étend en pentes plus douces jusqu'à la plaine du Comtat. Aussi les ingénieurs des Ponts et Chaussée évitèrent de tracer une route en lacets mais empruntèrent les fonds de combes ou les crêtes des vallons, ce qui donna une route présentant une pente moyenne de 7,5% avec des passages à 10 et même 12% sur plusieurs hectomètres.

 

 

 

C'est donc pour Pentecôte 1901 que VELOCIO s'élança avec ses quatre acolytes dans la montée empierrée du Mont Ventoux. Pour l'anecdote, VELOCIO était parti de St Etienne avec une machine grand tourisme disposant de deux développements de 4,50 m et de 8 m . Ses jeunes amis étaient mieux équipés puisqu'ils disposaient des braquets de 3,60 m et 2,30 m.

Malgrè son expérience VELOCIO dut mettre plusieurs fois pieds à terre, tandis que les autres progressaient tout doucement. Mais à la borne des 10 kms, un violent orage éclata et ils durent se réfugier dans une providentielle bergerie. Une fois l'orage passé, ils ne purent que redescendre à Bedoin tant la route s'était transformée en un torrent ravinant la revêtement et le rendant impraticable. 

Le lendemain, VELOCIO et ses amis stéphanois tentèrent de nouveau dans le brouillard d'atteindre le sommet. Mais avec son braquet de 4,50 m VELOCIO peinait et s'arrêta à la borne 15 km, c'est à dire aux environs du Chalet Reynard, tandis que ses amis poursuivirent jusqu'au sommet.

 

 

Loin de rester sur un échec, Paul de VIVIE se lança dans une troisième tentative en 1903, cette fois couronnée de succès. Il fit une première reconnaissance en mai 1903, puis y revint en septembre de la même année avec un groupe d'amis et une féminine, Marthe HESSE, pour une tentative officielle.

VELOCIO et son ami LADAVIERE arrivèrent les premiers au sommet sans s'être aee^tés et en abaissant le record de l'ascension à 2h 32mn, soit trois minutes de moins que le temps réalisé par Adolphe BENOIT. Il avait opté pour un braquet de 3,20 m et regretta de ne pas avoir choisi un développement de 2,80 m ce qui, selon ses calculs, lui aurait permis de réaliser un temps voisin de 2h 15mn.

Mlle HESSE réussit l'exploit de monter au sommet vêtue d'une longue robe et d'un chapeau comme l'exigeait la bienséance de l'époque. Elle gravit le Mont Ventoux en 3h30 mn, malgré une sévère fringale, mais fut la première dame à escalader le Mont Ventoux à bicyclette.

 

En 1905, VELOCIO revint sur le Mont Ventoux à l'occasion de la course de côte automobile. Bien que gêné par les ''bolides '' qui le dépassaient dans des volutes de poussière, il réussit l'ascension en 2h 30mn.

 

Pour Pentecôte 1913, VELOCIO revint au Mont Ventoux au retour d'une randonnée de 300 kms de  St Etienne à la Ste Beaume. Il était à tandem avec un ami auquel il proposa d'aller escalader le Mont Ventoux. A 60 ans, lui et son compagnon réalisèrent l'ascension en 3h ! Très certainement, ce fut le premier tandem à gravir le Ventoux et, tout en se restaurant à l'hôtel Vendran construit en contrebas de l'observatoire, il aurait conclu endisant :''Ce Ventoux est un rude morceau et je n'en ai trouvé nulle part de plus dur...''.

 

Pour Pentecôte 1929, à l'âge de 76 ans, accompagné d'un fort groupe de cyclotouristes, VELOCIO escalada pour la dernière fois le Mont Ventoux. Il devait décéder l'année suivante à St Etienne renversé par un tramway.

                                                                                                           

 

 

 

 


18/02/2013
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